La transformation digitale des SGI (Sociétés de Gestion et d’Intermédiation) en Afrique est un passage obligé. Elle consiste à remplacer les processus manuels par des outils numériques comme les plateformes de trading en ligne et les applications mobiles. L’objectif est de démocratiser l’accès à la bourse pour une nouvelle clientèle (jeunes, diaspora), d’optimiser les opérations internes et de répondre à la concurrence des fintechs. Cette évolution est cruciale pour approfondir les marchés financiers du continent.
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ToggleSGI et digitalisation : Une nouvelle ère pour la bourse africaine
En tant que stratège de contenu spécialisé dans la finance, j’observe depuis des années une lame de fond qui redessine les contours du secteur financier africain. Cette vague, c’est la transformation digitale. Elle touche aujourd’hui de plein fouet des acteurs clés mais méconnus du grand public : les Sociétés de Gestion et d’Intermédiation, ou SGI.
Historiquement, ces sociétés étaient des forteresses. Elles s’adressaient à une clientèle institutionnelle ou fortunée, avec des processus basés sur le papier et des rendez-vous physiques. Mais ce modèle est en train de voler en éclats.
Voyons ensemble comment la transformation digitale des SGI n’est pas qu’une simple modernisation, mais bien une révolution qui pourrait démocratiser l’investissement en Afrique.
Pourquoi la transformation digitale des SGI est-elle inévitable ?
Le changement n’arrive jamais par hasard. Pour les SGI, il est poussé par une triple pression : celle des clients, de la technologie et de la concurrence.

Le client d’aujourd’hui, qu’il soit à Abidjan, Dakar ou dans la diaspora, est connecté. L’Afrique subsaharienne compte plus de 450 millions d’utilisateurs de téléphonie mobile. Ces utilisateurs exigent des services financiers simples, instantanés et accessibles depuis leur smartphone.
En parallèle, l’émergence des fintechs en Afrique bouscule les acteurs traditionnels. De nouvelles plateformes de « wealthtech » comme la startup nigériane Cowrywise, qui a levé 3 millions de dollars en 2021, proposent des expériences d’investissement fluides et attirent la clientèle jeune.
Face à cela, les SGI n’ont pas le choix. Elles doivent s’adapter pour survivre et, surtout, pour capter l’immense potentiel d’un marché en pleine croissance. Le dynamisme est là : le volume des transactions sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) a bondi de 47% en 2022 pour atteindre 1 091 milliards FCFA. Le digital est le seul levier pour canaliser cette énergie.
Les 3 axes clés de la digitalisation des SGI
La transformation digitale des SGI s’articule autour de trois chantiers majeurs qui touchent toute leur chaîne de valeur. Je les ai synthétisés pour vous.
1. Démocratiser l’accès à la bourse
C’est l’axe le plus visible pour le grand public. L’objectif est de rendre l’investissement aussi simple que l’utilisation d’une application de mobile money.
- Plateformes de trading en ligne : Plusieurs SGI, comme CGF Bourse au Sénégal ou Hudson & Cie en Côte d’Ivoire, ont lancé leurs propres applications mobiles ou plateformes web. Elles permettent d’ouvrir un compte, de passer des ordres et de suivre son portefeuille en temps réel.
- Onboarding digital (KYC) : Le « Know Your Customer » (KYC) est le processus de vérification d’identité. Le digitaliser permet une ouverture de compte à distance, rapide et moins coûteuse. C’est un point technique et réglementaire crucial pour capter les clients de la diaspora.
2. Optimiser les opérations internes
La digitalisation ne se voit pas toujours, mais elle transforme le cœur du réacteur. En automatisant les tâches répétitives du back-office (comme le reporting ou la compensation), les SGI réduisent leurs coûts et le risque d’erreur humaine.
Elles commencent aussi à utiliser l’analyse de données pour mieux comprendre leurs clients et personnaliser leurs conseils. C’est un enjeu d’efficacité fondamental pour rester compétitif.
3. Réinventer l’offre de services
Enfin, le digital permet de créer de la valeur au-delà de la simple exécution d’ordres.
- Éducation financière : Les SGI utilisent blogs, webinaires et réseaux sociaux pour expliquer la bourse au plus grand nombre. C’est une étape indispensable pour construire un marché de masse.
- Robo-Advisors : Même si le concept est encore naissant, ces conseillers-robots proposent des portefeuilles automatisés et personnalisés. Ils rendent la gestion d’actifs accessible avec des frais très réduits, une tendance de fond à l’échelle mondiale.
Mon conseil
Pour une SGI qui démarre sa transformation, je recommande de se concentrer en priorité sur l’expérience client. Lancez une application simple, axée sur la consultation de portefeuille et l’éducation financière. Le passage d’ordres viendra ensuite. Bâtir la confiance et l’usage est la première étape avant de demander aux clients d’investir des sommes importantes via un canal 100% digital.
Les défis à ne pas sous-estimer

Le chemin vers la digitalisation est prometteur, mais il est loin d’être un long fleuve tranquille. J’identifie trois obstacles majeurs.
- La cyber-résilience : Qui dit digital dit risque de cyberattaques. La protection des données clients et la sécurisation des transactions sont des investissements non négociables. Une faille de sécurité peut ruiner des années d’efforts pour construire la confiance.
- Le cadre réglementaire : Les régulateurs, comme le CREPMF dans la zone UEMOA, doivent trouver le juste équilibre. Ils doivent adapter les règles pour encourager l’innovation (comme le KYC digital) tout en protégeant les investisseurs. Un décalage entre la technologie et la loi peut freiner les initiatives.
- La culture financière : C’est sans doute le plus grand défi. Vous pouvez construire la meilleure application du monde, si personne ne comprend ce qu’est une action ou une obligation, elle ne servira à rien. L’effort d’éducation financière doit être massif et continu.
Ce que je ferais
Si j’étais à la tête d’une SGI, je ferais de l’éducation financière ma priorité numéro un. Je créerais des contenus courts et pratiques au format vidéo pour les réseaux sociaux. Je m’associerais avec des influenceurs locaux pour vulgariser l’investissement. L’objectif serait de démystifier la bourse et de la rendre concrète pour le quotidien des gens, avant même de parler de produits. C’est un investissement sur le long terme pour améliorer l’expérience client digitale et bâtir son futur marché.
En résumé
la transformation digitale des SGI est bien plus qu’une mise à jour technologique. C’est un changement de paradigme qui force ces institutions à devenir plus ouvertes, plus efficaces et plus centrées sur le client. Celles qui réussiront ce virage joueront un rôle central pour canaliser l’épargne locale vers le financement de l’économie réelle et pour faire de la bourse un véritable outil d’inclusion financière sur le continent.
FAQ
1. Qu’est-ce qu’une SGI en Afrique ?
Une Société de Gestion et d’Intermédiation (SGI) est un intermédiaire financier agréé, essentiel pour opérer sur un marché boursier comme la BRVM. Elle détient le monopole pour exécuter les ordres d’achat et de vente de titres pour le compte de ses clients et peut aussi offrir des services de gestion de portefeuille et de conseil.
2. Quel est le rôle d’une SGI ?
Le rôle principal d’une SGI est de connecter les investisseurs au marché boursier. Elle assure l’exécution des ordres, garantit la bonne fin des transactions (livraison des titres contre paiement) et conserve les actifs de ses clients. Elle a aussi une mission de conseil auprès des investisseurs et des entreprises qui souhaitent se financer via la bourse.
3. Comment investir à la BRVM ?
Pour investir à la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM), il est obligatoire d’ouvrir un compte-titres auprès d’une des 33 SGI agréées. C’est via cette SGI que vous pourrez passer vos ordres d’achat et de vente. De plus en plus de SGI proposent des plateformes en ligne pour simplifier cette démarche.
4. Qui régule les SGI dans l’UEMOA ?
Dans la zone de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), les SGI sont supervisées par le Conseil Régional de l’Épargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF). Cet organisme a pour mission de protéger les épargnants et de veiller au bon fonctionnement et à la transparence du marché financier régional.
5. Quels sont les avantages de la digitalisation pour un investisseur ?
Pour un investisseur, la digitalisation offre un accès plus simple et rapide à la bourse, souvent avec des frais de transaction réduits. Elle permet de suivre son portefeuille en temps réel depuis son téléphone, d’accéder à plus d’informations pour prendre des décisions et d’investir de plus petites sommes, rendant la bourse plus accessible à tous.